Monsieur Lionel Carmant, ministre délégué aux Services sociaux
Objet : Implantation d’ Aire ouverte en Montérégie-Est
Monsieur,
Pour faire suite aux rencontres de consultation et d’information organisées par le MSSS et le CISSS Montérégie-Est le 31 mars et le 1er avril dernier sur le déploiement d’Aires ouvertes, nous vous interpelons aujourd’hui afin de vous transmettre notre positionnement concernant l’implantation de cette nouvelle structure sur notre territoire.
Tout d’abord, sachez que nous sommes très heureux d’apprendre que, comme nous, votre gouvernement est préoccupé par l’accessibilité aux services destinés aux jeunes âgés de 12 à 25 ans ainsi que pour leur santé mentale. Comme vous, nous constatons que l’offre de service actuelle rejoint difficilement les jeunes, particulièrement ceux en contexte de vulnérabilité, qui démontrent une certaine méfiance envers les services institutionnalisés. Nous croyons qu’il est impératif d’améliorer la transition entre les services jeunesse et adulte afin d’éviter un bris de service.
Les organismes d’action communautaire autonome ont vu le jour afin de répondre aux besoins de leur communauté et ont développé, depuis plus d’un demi-siècle, une fine expertise auprès des populations desservies et ciblées par Aire ouverte. Parmi ces organismes, ceux du secteur jeunesse ont été conçus pour les jeunes et en fonction de leurs réalités. Ils sont des lieux reconnus, flexibles et adaptés à leurs besoins. Ces organismes réfèrent depuis longtemps des jeunes vulnérables vers les services en santé et services sociaux rattachés aux CISSS, tout en se souciant d’assurer une cohésion dans la continuité des services pour les jeunes qui atteignent l’âge adulte.
Ce sont aussi ces organismes et leurs partenaires qui, au nom de la Table de concertation jeunesse maskoutaine, ont fait parvenir en décembre 2019 une lettre à l’attention du CISSS Montérégie-Est afin de partager leurs préoccupations en lien avec l’arrivée imminente d’une Aire ouverte sur leur territoire. Cette lettre se terminait par une proposition de collaboration avant l’implantation afin que toutes nouvelles offres de services jeunesse répondent réellement aux besoins des jeunes ciblés.
Nous souhaitons réaffirmer les principaux enjeux mentionnés dans cette lettre :
L’absence de consultation avec les partenaires du milieu, particulièrement les organismes communautaires, dans le développement de l’Aire ouverte.
L’instrumentalisation de l’expertise des groupes communautaires jeunesse.
Le risque de dédoublement de services déjà existants offerts par des organismes bien implantés dans la communauté.
La cohabitation dans un même endroit du groupe d’âge visé par le projet, soit les 12-25 ans.
La capacité d’assurer la confidentialité pour les moins de 14 ans.
Nous déplorons que les organismes communautaires jeunesse et leurs partenaires n’aient pas été rencontrés au préalable afin de mettre à profit leur connaissance des réalités vécues par les jeunes. Bien que les représentants du CISSS Montérégie-Est, dont le directeur du programme jeunesse M. Francis Belzile, aient mentionné à plusieurs reprises lors de cette rencontre la volonté de « co-construire » avec ses partenaires, il s’est avéré que nous étions devant une construction achevée à laquelle aucun organisme n’a contribué.
Considérant ces enjeux et sachant que le déploiement de 30 Aires ouvertes d’ici 2024 représente un coût de 31,2 M, nous nous expliquons difficilement que cet argent soit injecté dans la création d’une nouvelle structure ciblant les mêmes objectifs que nos organisations plutôt que dans la consolidation des services actuels. Ces services sont présentement dévitalisés, peu répondus, explosent sous la demande de nos références et requièrent la disponibilité des spécialités de type clinique jeunesse, médecins généralistes, psychologues, pédopsychiatres et psychiatres.
C’est pourquoi nous réitérons, au nom des organismes communautaires et de leurs partenaires, le souhait d’une véritable co-construction en respect de nos missions, de nos mandats et de notre autonomie. Ceci, afin de bonifier concrètement pour notre jeunesse maskoutaine l’offre de services actuels et de diminuer significativement les délais d’attente, pouvant atteindre des mois, voire des années.
Nous vous prions de recevoir, Monsieur le ministre, l’expression de nos meilleurs sentiments.
Le comité Vigie de la Table de concertation jeunesse maskoutaine