Le mercredi 29 janvier prochain se déroulera la Journée Bell Cause pour la cause. Lors de cette journée, le site de la campagne précise que Bell versera 5 cents afin de soutenir des initiatives en santé mentale pour chaque message texte ou appel admissible, tweet, visionnement de la vidéo dans les médias sociaux et utilisation de matériel promotionnel sur Facebook et Snapchat.
Pendant une journée, la santé mentale sera au cœur des discussions réelles et virtuelles : gazouillis, publications Facebook, témoignages personnels de personnalités publiques et de proches, etc. Voilà une belle occasion de parler de la santé mentale pendant une journée. On ne peut que s’en réjouir.
Mais qu’en est-il du reste de l’année?
Selon les statistiques disponibles sur le site du Ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), au 20,3 % de la population québécoise âgée de 12 ans et plus se classe à un niveau élevé sur l’échelle de détresse psychologique. Une personne sur cinq. C’est énorme. Et ce chiffre ne tient pas compte des cas non répertoriés.
Cette personne peut être votre sœur, votre père, votre voisine, votre collègue. Ça peut être quelqu’un qui vit une difficulté ponctuelle, qui remonte la pente tranquillement, comme ça peut être quelqu’un qui est au bas de la pente depuis longtemps et qui ne voit pas, hélas, trop d’espoir.
Actuellement, les personnes vivant des difficultés émotionnelles sont encouragées à parler de ce qu’elles vivent. Comme en témoignent les diverses campagnes de sensibilisation, ces personnes sont encouragées à consulter, à demander de l’aide.
Mais à qui?
Quand on sait qu’une séance chez le psychologue coûte 100$ de la rencontre; que le réseau public se limite la plupart du temps à des rencontres d’intervention et que les listes d’attentes débordent; et que les ressources communautaires sous-financées font preuve d’ingéniosité afin de pallier les demandes de plus en plus nombreuses et exigeantes; il est tout à fait légitime de se poser la question, mais à qui?
Souvent isolées, souvent trop stigmatisées, découragées d’être sur une liste d’attente interminable ou sans moyens financiers, plusieurs de ces personnes arrivent à la conclusion de ne pas « déranger » avec leur souffrance.
Quand ton loyer te coûte déjà trop cher et que celui t’empêches de manger à ta faim, tu n’as même pas le privilège de penser à consulter. Tu survis. Tu survis avec ta souffrance, en bas de la pente.
Et on ne parle même pas des proches qui se sentent la plupart du temps impuissants devant cette souffrance qui vont au-delà de leur capacité et qui n’ont pas tous outils nécessaires afin d’accompagner adéquatement la personne qui souffre.
Donc, le 29 janvier prochain, se déroulera la Journée Bell cause pour la cause. Bien. Mais il serait peut-être temps d’avoir une réflexion plus vaste afin de ne pas limiter la santé mentale qu’à des clics à 5 cents et d’en parler tous les jours.
Chronique de Simon Proulx initialement publiée dans l'édition de janvier 2020, Journal Mobiles